
Près des villes miraculeuses
puisque vous rêvez rêveuse
sur les rives de la vie
fleuve de peine ou fleuve d’oubli
Vivez rêveuse revivez
tous les songes que vous aimez
ne sont ni mensonge ni folie
ô rêveuse que je vous envie
De l’avenir rêvé qui vous rit
en ne meurt de vos rêveries
ni les soucis ni les douleurs
ni le sourire du bonheur
Vos rêves ce sont les couronnes
des nuits des heures monotones
que vous donnez à ceux qui meurent
de ne croire qu’à ce qui demeure
Donnez moi vos rêves rêveuse
la vie est longue et malheureuse
pour celui qui veut s'obstiner
à n'atteindre que la vérité
Rêves - Philippe Soupault (poète)
André Masson (artiste)
L'arme secrète
Lithographs
Paris: Bordas, 1946
L'oeuvre présentée dans l'exposition "Art on the Page" que j'ai choisi est «Rêves», un poème de Philippe Soupault qui a été représenté comme une image par l'artiste André Masson.
Ayant déjà étudié la poésie comme un cours à l'université, j'avais naturellement un intérêt pour les poèmes. J'ai vu celui-ci accompagné d'une interprétation visuelle simpliste mais fascinante (voir l'image ci-dessus).
Le poème a un ton très mélancolique et l'auteur semble avoir une attitude pessimiste vis-à-vis de la vie, et veut plutôt échapper à la réalité à travers ses rêves.
Les vers qui soulignent le plus cette tristesse sont «les rives de la vie fleuve de peine ou fleuve d'oubli» et aussi «la vie est longue et malheureuse pour celui qui veut s'obstiner à n'atteindre que la vérité», par opposition à l'envie d'échapper au monde des rêves en disant «Vivez rêveuse revivez, tous les songes que vous aimez, ne sont ni mensonge ni folie, ô rêveuse que je vous envie» et aussi «Vos rêves ce sont les couronnes».
J'ai trouvé ce ton déprimant et cette attitude sombre les plus frappantes. Le thème des rêves comme une façon fabriquée d'échapper aux mécontentements de la vie était aussi un concept que je pensais être une perspective intéressante par l'auteur.
Je crois que le dessin exprime une représentation évidente de la tristesse, montrée par les expressions sur les visages. Ils sont également disjoints des corps et semblent flottants, représentant peut-être la distance et la séparation de nos esprits pendant un rêve au reste de la réalité et de ce qui est réel. Sous les visages, il semble y avoir une rivière, peut-être référencer le vers «les rives de la vie
fleuve de peine ou fleuve d’oubli». Dans l'ensemble, j'ai trouvé l'image simpliste, inquiétante et très bizarre.
Le poème et l'image ont eu leurs propres mérites artistiques et j'ai apprécié de les analyser tous les deux, malgré le sentiment général qui a été très mélancolique.
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